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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Après eux le déluge

Editorial du magazine royaliste N°1102 | du 4 juin 2016 au 17 juin 2016
dimanche 5 juin 2016 | Thème: politique
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Petit jeu de rôle : vous êtes président de la Ré­publique, votre unique motivation est d’être réélu l’an prochain, et dans ce but vous avez commencé à faire des cadeaux à divers groupes de pression, ce qui a amputé le budget de l’État de quatre milliards d’euros. Or vous avez promis à Bruxelles de réduire le déficit du pays. Pourquoi diable réduire le déficit, deman­dez-vous ? Puisqu’on vous dit que c’est un jeu de rôle, peu importe que la règle soit absurde, elle n’est là que pour le rendre plus difficile. Il vous faut donc tailler dans les budgets, mais lesquels ? Facile : ceux qui financent les activités d’électeurs qui de toutes façons ne voteront jamais ni pour la droite ni pour l’extrême droite. Par exemple, la recherche et l’écologie ? Bravo, vous avez gagné.

Le jeu virtuel est amusant. Ce qui l’est moins, c’est que la décision bien réelle du gouvernement de tailler dans ces deux budgets montre que le jeu décrit de façon crédible les calculs de Fran­çois Hollande qui, pour obéir au diktat de l’Union européenne sur les déficits publics tout en préser­vant son avenir personnel immédiat, semble prêt à sacrifier en bloc le futur du pays.

Car c’est bien cela qui est en jeu. Les prix Nobel signataires de la tribune au Monde du 23 mai ont eu raison de signaler que les coupes dans le budget de la recherche et de l’Enseignement Supérieur représentent un « suicide scientifique et intellec­tuel. » L’État lui-même avait pourtant sanctuarisé ce budget en déclarant que celui de 2016, stable par rapport à 2015, traduisait « une volonté de répondre aux défis du présent et d’anticiper ceux de demain, (de) maintenir l’emploi scientifique et assurer le remplacement » du personnel des Instituts de recherche. (1) Le voilà maintenant amputé de 256 millions. Qu’est devenue cette belle volonté ? Où est le maintien de l’emploi ? Et ceci précisément au moment où les autres grands pays du monde (États-Unis, Allemagne, Russie, Chine…) augmentent fortement leur effort de re­cherche. Il s’agit bien d’un suicide.

Pour l’écologie, c’est encore pire. Non seule­ment elle supporte les coupes les plus importantes de toutes celles prévues par le gouvernement (263 millions), mais elle souffre d’une double peine, puisque nombre de ses projets sont liés à la re­cherche, elle-même en déshérence. Mais comme le Parti écologiste s’est effondré et que le gouver­nement a pris en otages ses membres les plus mé­diatiques, pourquoi continuerait-il à poursuivre plus longtemps cette fiction d’un PS soucieux de l’environnement ? Le drame, c’est que cela arrive au moment précis où les efforts consentis de­vraient être les plus importants, et surtout les plus constants : celui de la transition énergétique et des engagements liés aux accords de la COP 21. Voilà qui nous fait regretter l’autre suicide, celui de l’écologie politique. Nous n’avons jamais at­tendu grand-chose des mouvements écologistes, mais au moins agissaient-ils comme groupe de pression. Ils ont disparu, le PS en conclut, comme nous le craignions, (2) que puisque l’écologie po­litique est morte en France il n’est plus besoin de poursuivre de politique écologique. Tragique erreur qui va coûter cher dans les années qui viennent, maintenant que se font sentir les dégâts liés au réchauffement climatique.

Devant la levée de boucliers unanime des Ins­tituts de recherche, des syndicats, des agents de la recherche, des Universités et du public, le gouvernement s’est lancé dans un rétropédalage grotesque. Non pas en revenant sur ces coupes budgétaires, mais en « communicant » sur leur imputation aux fonds de roulements des Instituts. Ce tour de passe-passe, déjà utilisé en son temps par Valérie Pécresse, va contraindre les instituts et les universités à limiter et repousser une fois de plus leurs dépenses courantes, donc in fine à réduire leurs activités, y compris d’enseignement et de recherche. Voilà qui ne changera rien au ré­sultat final qui plombe l’avenir du pays.

Cette belle combinazione ne fait qu’ajouter le mensonge et le cynisme à l’inconséquence. Au moins a-t-elle le mérite de mettre en lumière le seul but de notre président : survivre, quel qu’en soit le coût pour la France. Quant à la confiance que l’on pouvait avoir dans ce gouvernement, elle est belle et bien morte dans tout le pays.

François VILLEMONTEIX

(1) http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid93743/budget-2016-des-moyens-en-hausse-en-faveur-de-l-enseignement-superieur-et-de-la-recherche.html

(2) Royaliste numéro 952, page 3, « Verts – Victoire à la Pyrrhus ».