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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Avec la Grèce

Editorial du magazine royaliste N°1071 | du 30 janvier 2015 au 12 février 2015
vendredi 30 janvier 2015 | Thème: europe
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La victoire de Syriza le 25 jan­vier est d’abord la sanction de l’échec des « réformes » ultra-libérales. La Commis­sion européenne ment lorsqu’elle affirme que la Grèce était sur le bon chemin : depuis 2009 la récession approche les – 25 % du PIB, le chô­mage dépasse les 26 %, l’endette­ment public est passé de 120 % à 172 % du PIB, l’investissement s’est effondré et le peuple grec a souffert plus que tout autre dans la zone euro. Les recettes mortifères de l’austérité étaient imposées par l’Allemagne et appliquées avec un aveuglement fanatique par la Troï­ka : la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international et la Commission européenne doivent être tenues pour coresponsables de cette antipolitique allemande im­posée, à l’allemande, par l’intimi­dation et la répression policière.

Face à cette catastrophe, le pro­gramme de Syriza est un mini­mum – qu’il s’agisse de l’annu­lation des deux tiers de la dette publique, de l’augmentation des bas salaires et des mesures sociales d’urgence. Mais nous savons que ce minimum vital est considéré comme inacceptable par Berlin, Francfort et Bruxelles. Au len­demain de la victoire de Syriza, l’oligarchie européiste montrait son parfait mépris pour le choix exprimé par un peuple souverain. Le président de la Banque centrale allemande exhortait Alexis Tsipras « à ne pas faire de promesses illu­soires. » Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, affirmait que « la Grèce doit payer, ce sont les règles du jeu européen. » Des règles qui annuleraient donc la démocratie ! Le porte-parole de la chancelière allemande appelait au respect des engagements et le mi­nistère allemand des Finances ex­cluait un troisième allègement de la dette tandis que Martin Schulz, président du Parlement européen qui ose se dire socialiste, pous­sait Alexis Tsipras au « compro­mis » - autrement dit à la trahison.

C’est dire que l’épreuve de force entre l’oligarchie européiste et Sy­riza est essentiellement politique. Premier ministre du nouveau gou­vernement, Alexis Tsipras dispose d’un atout formidable : la légiti­mité fondée sur la volonté popu­laire librement exprimée. Cette légitimité lui donne le pouvoir de gouverner selon le principe de sou­veraineté nationale qu’il a rappelé en déclarant que la Troïka « appar­tenait au passé ». Et le président de Syriza s’est immédiatement donné les moyens de gouvernement en s’alliant avec les Grecs indépen­dants - proches de Nicolas Dupont-Aignan - plutôt qu’avec les cen­tristes de « To Potàmi ».

La Grèce pourra-t-elle résister aux puissances qui la menacent ? Rien n’est certain mais la victoire de Sy­riza se produit dans un moment fa­vorable. La zone euro est un échec puisque la monnaie unique, qui n’a pas permis la convergence des économies nationales, est de plus en plus nettement perçue comme un mécanisme de récession écono­mique et de régression sociale. La Banque centrale européenne, qui a annoncé le 22 janvier un vaste pro­gramme de rachat de titres afin de lutter contre le risque de déflation, s’est engagée du même coup dans une logique de renationalisation des dettes qui contredit le principe même du fonctionnement de la zone euro : les Banques centrales nationales supporteront en effet 80 % des risques liés aux achats de titres effectués.

Face à Berlin, Bruxelles et Franc­fort, le nouveau gouvernement grec serait plus fort s’il était soutenu par la France qui trouverait dans la vic­toire de Syriza une excellente occa­sion de réorienter l’ensemble de la politique européenne et d’en finir avec la domination allemande. Le paradoxe, cruel, est que les « socia­listes » français ont soutenu la thé­rapie de choc en Grèce, sont acquis aux folies ultra-libérales et alignés sur Berlin.

Il faudra donc que la Grèce affronte seule les oligarchies coalisées. Nul ne peut prévoir la dynamique de cette confrontation qui peut échap­per à la volonté des protagonistes si Athènes reste ferme sur ses posi­tions et sert ainsi d’exemple, par­tout en Europe, aux partis qui mi­litent contre l’austérité. Il y a une chance de voir la crise de la zone euro se conclure par la disparition de la monnaie unique - condition première d’un nouveau dévelop­pement pour les nations euro­péennes. La Grèce se bat pour nous tous. Qu’elle ne faiblisse pas !

Bertrand RENOUVIN

Pour suivre la situation en Grèce : le blog (en français) de Panagiotis Grigoriou : http://www.greekcrisis.fr/, le site (en fran­çais) Okeanews : http://www.okeanews.fr/ et le blog de Jacques Sapir : http://russeu­rope.hypotheses.org/