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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Encore un instant Monsieur le bourreau

Editorial du magazine royaliste N°1163 | du 11 mars 2019 au 24 mars 2019
mardi 19 mars 2019 | Thème: politique
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Des élections approchent. C’est l’heure du volontarisme ! Comme il s’agit d’élections « européennes », le volontarisme se fait « européen ». A l’exemple de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron ne ménage pas ses effets.

Au salon de l’Agriculture, il annonçait une révision de la Politique agricole commune. Dans sa « Lettre aux citoyens européens » publiée le 5 mars, il étale un gros attirail : une Agence européenne de pro­tection des démocraties, une remise à plat de l’Es­pace Schengen et un Conseil européen de sécurité intérieure, une Banque européenne du climat et un Conseil de sécurité européen, un bouclier social et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays – donc pas européen ! Bref, tout un fatras d’agences, de conseils, de comités et de procédures qui viendraient se surajouter aux tuyaux et machine­ries de l’usine à gaz appelée « Union européenne ».

Il est inutile de se perdre en commentaires ou impré­cations. La missive a été accueillie avec une totale indifférence par les citoyens comme par les chan­celleries qui en ont vu d’autres. À propos, où sont passées les propositions sur la « souveraineté euro­péenne » et la réforme de la zone euro ? Ressortiront-elles à un détour de la campagne ? Sont-elles jetées aux oubliettes ? Peu importe puisqu’elles étaient absurdes et seraient inopérantes. Somme toute, en signant cette « Lettre » européaniste entrelardée de thèmes protectionnistes, Emmanuel Macron a confirmé ce que tout le monde savait déjà : violant la lettre et l’esprit de la Constitution, le supposé pré­sident a pris la tête de la liste LREM pour les élec­tions de mai, et amorcé tambour battant sa campagne en faisant mine d’animer un grand débat national.

On pourrait saluer ironiquement l’artiste et ses « per­formances » si le char de la macronie naviguait, si j’ose dire, par beau temps. Un coup d’œil dans la rue montre que ce n’est pas le cas. La révolte qui a éclaté en novembre en cache d’autres, latentes. Mais une violente répression policière et judiciaire semble avoir repoussé l’heure des grandes échéances et la classe dirigeante vaque à ses occupations. Sa ligne de conduite est dans la ligne du volontarisme sarkozien : puisque les événements nous dépassent, feignons d’en être les organi­sateurs. Quels événe­ments ? Oh ! un peu de tout. Les décisions géostratégiques de Do­nald Trump, le ralentis­sement de l’activité en Chine et ses effets sur divers pays de l’Union européenne, la décision prise par la Banque centrale européenne de refinan­cer massivement les banques, le rachat d’entreprises françaises et de terres agricoles par des étrangers, le taux de change de l’euro, la hausse ou la baisse des taux d’intérêt, l’agonie de l’Union européenne…

Quand des piliers de l’oligarchie, tels Jean Quatre­mer et Jacques Attali, disent et écrivent que ça ne va pas durer, que l’euro est fichu, que le monde est sous la menace d’une épouvantable crise financière, la « gouvernance » oligarchique reprend la célèbre supplication : encore un instant, Monsieur le bour­reau ! Dans cette ambiance de fin de quinquennat, profitons du confort intellectuel et matériel, de la ser­vilité des entourages, de la douce chaleur des projec­teurs, de l’agrément des voyages officiels ! Jouissons sans entraves des plaisirs offerts à profusion mais continuons à disserter gravement sur l’Europe qui est la paix, sur l’euro qui nous protège de la crise, sur les bienfaits de la concurrence, sur la marche du progrès ! Nous savons que nous ne vendons plus de rêves mais nous essayons d’acheter du temps. Du temps pour les petits bonheurs quotidiens. Et du temps pour les réformes que demandent Bruxelles et Berlin. Ces réformes mineront l’État et détrui­ront le système de protection sociale mais tant pis ou tant mieux : s’il y a une vérité en ce monde mon­dialisé, c’est celle qui surgit des marchés financiers !

Puisqu’il faut bien donner l’impression d’agir, la classe dirigeante continuera à faire ce qu’elle sait faire : pri­vatiser, libéraliser, et faire semblant d’européaniser. Longtemps, elle a cru qu’elle pourrait exercer le pou­voir sans rien décider – car tel est bien le secret de Poli­chinelle de la « gouvernance ». Longtemps, elle a cru qu’elle pourrait berner et mater ceux qu’elle appelle « les gens ». Elle sait depuis décembre que c’est fichu.

Bertrand RENOUVIN

N.B. David Cayla et Coralie Delaume ont lancé la pétition Non à la privatisation d’ADP à signer sur change.org : https://t.co/kxUrs4ECn1