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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

La guerre au Mali

Editorial du magazine royaliste N°1028 | 
lundi 4 février 2013 | Thème: géopolitique
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L’Armée française est engagée au Mali dans une guerre qui est la suite de celle menée en Libye, la chute de Tripoli ayant entraîné la déstabilisation de plusieurs pays africains. Cette intervention nécessaire est justifiée par la résolution 2085 du Conseil de Sécurité : celle-ci décrit une « grave menace » sur la population du Mali ; elle autorise une force internationale à aider les Forces armées maliennes à reprendre le nord du pays.

Soutenus par les autorités maliennes, nos soldats combattent en toute légitimité et légalité, quoi que puissent en penser ceux qui tentent toujours de prendre la France en flagrant délit de néocolonialisme. Il était indispensable et urgent d’arrêter la progression des djihadistes vers Bamako et d’apporter à l’armée malienne une aide décisive pour la reconquête du terrain perdu. Il est clair que la France veut permettre la restauration de la souveraineté de l’État sur l’ensemble du Mali, sans intervenir dans le règlement négocié des conflits internes du pays.

Par ailleurs, je ne suis pas le seul à souligner que l’Armée française défend au Mali la pratique de l’islam traditionnel contre les fanatiques inspirés par l’Arabie saoudite. Ce fait mériterait d’être médité par nos concitoyens qui diabolisent la religion musulmane comme par nos dirigeants politiques qui n’osent pas nommer les groupes que nous combattons en Afrique. A la manière des néoconservateurs américains, François Hollande et les membres du gouvernement invoquent la « guerre contre le terrorisme » qui implique la destruction totale de l’adversaire. Ces éléments de langage sont stupides. Le terrorisme est une technique, contre laquelle les moyens militaires classiques sont inefficaces (1). Nos soldats sont confrontés à des guérillas djihadistes et il n’est pas impossible que certaines négocient un accord, comme cela semble s’esquisser. En ce cas, comment  expliquer qu’on engage des discussions avec des « terroristes » voués voici peu à l’élimination ?

Surtout, l’approbation de l’opération Serval ne saurait conduire à la glorification de François Hollande, devenu grâce à maintes plumes serviles un chef de guerre paré de toutes les vertus. Face à la menace djihadiste, le président de la République avait déclaré le 27 décembre que le temps des interventions françaises était révolu, au lieu de placer face aux groupes djihadistes un dispositif militaire susceptible de les dissuader de toute offensive (2). Encore une fois, les impératifs imbéciles de la communication - à l’égard d’une opinion publique qui a d’autres inquiétudes – l’ont emporté sur les nécessités stratégiques. Il est heureux que nos soldats puissent réparer rapidement les effets de cette bévue, coûteuse à tous égards.

Les qualités de l’Armée française prouvent que la France est capable d’agir – en l’occurrence avec des États et des contingents africains – sans s’insérer dans un dispositif occidental, sans se placer sous l’égide de l’Otan. Quant à la solidarité européenne, elle s’est limitée à quelques messages d’encouragement et c’est bien ainsi : nos voisins européens n’ont ni les moyens, ni l’expérience, ni la volonté nécessaires à la guerre qui doit être menée en Afrique, pour les Africains. Il n’y a pas, il n’y aura pas de « défense européenne » à l’échelle de l’Union moribonde.

Il ne nous est pas possible de prévoir la suite des opérations, qui seront longues et périlleuses. Mais une exigence se confirme et se précise. A moins de renoncer à son rôle dans le monde, la France sera obligée de mener dans l’avenir de nombreuses opérations militaires extérieures, seule ou avec d’autres nations. Il est donc essentiel que nos soldats disposent de tous les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Trop de matériels ont vieilli sans être remplacés, trop d’éléments manquent dans notre équipement. La nation française a besoin d’un budget en forte expansion afin que nous puissions recruter plus d’hommes et moderniser l’ensemble de leurs matériels. On ne fait pas d’économies sur une armée qui combat.

Bertrand RENOUVIN

(1) Cf. l’article de Jean Dominique Merchet, dans Marianne du 14 janvier 2013. http://www.marianne.net/La-guerre-contre-le-terrorisme--version-Francois-Hollande_a225780.html

(2) Cf. l’article du colonel Goya : « L’opération Serval ou l’échec de la dissuasion » publié le 19 janvier sur le blog La Voix de l’Epée :http://lavoiedelepee.blogspot.fr/