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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Le traité qui ne passe pas

Editorial du magazine royaliste N°948 | 
lundi 18 mai 2009 | Thème: europe
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Les trois fractions de l’oligarchie ont entre autres points communs celui-ci : enterrer l’opposition des partisans et des adversaires du « traité constitutionnel » sous des montagnes de généralités bienveillantes et de propos destinés à séduire les partisans du Non.

Dans la technique de l’enfumage, Nicolas Sarkozy est toujours le meilleur. A Nîmes, le président de l’UMP a tenté de se concilier les vainqueurs de 2005 en invoquant l’Europe qui « protégeait », et en annonçant des politiques industrielles concertées. Ceci au milieu d’une succession confuse de messages adressés à d’autres clientèles. Célébration de l’Europe chrétienne ? En ce cas il faut intégrer la Russie. Rejet de la Turquie ? La démagogie du chef de l’UMP gênera la diplomatie française dans le Caucase, par exemple. Coup d’arrêt aux chars russes qui auraient pris Tbilissi l’été dernier sans l’intervention du président de l’Union européenne ? Pure fiction, puisque les Russes n’ont jamais voulu prendre la capitale géorgienne.

François Bayrou n’est pas mauvais non plus dans sa nouvelle posture. N’est-il pas hostile au retour complet de la France dans l’Otan ? Son programme ne contient-il pas une sévère critique de la concurrence sauvage en Europe ? Que d’hommages, tout à coup, aux idées que, parmi d’autres, nous défendons ici...

Et Martine Aubry, n’a-t-elle pas la caution de Laurent Fabius, qui milita pour le Non ?

Les trois oligarques nous prennent une fois de plus pour des imbéciles. Il y a belle lurette que les concessions verbales et les ambiguïtés calculées ne troublent plus notre jugement. Sur les questions relatives à l’Europe, il existe un critère simple qui permet, au moins, d’éliminer plusieurs listes : oui ou non, accepte-t-on le traité de Lisbonne ? Nicolas Sarkozy se vante de l’avoir fait adopter. François Bayrou l’a approuvé à Versailles. Martine Aubry et Ségolène Royal ont fait campagne pour le « traité constitutionnel » en 2005. Les choses ont-elles changé depuis lors ? Oui, elles ont empiré car la crise mondiale a ruiné les théories et les pratiques de l’ultra-libéralisme qui est la principale référence du traité de Lisbonne.

Dans une déclaration remarquable, Jacques Sapir et quatorze autres économistes contestent la nouvelle version du « traité constitutionnel » et l’hypocrisie de ceux qui critiquent l’ultra-libéralisme et acceptent le texte de Lisbonne (1)

Avec les économistes hostiles au « dirigisme libéral », il faut rappeler sans cesse que le nouveau traité :

- précise dans un Protocole que le « marché intérieur tel qu'il est défini à l'article 3 [...] comprend un système garantissant que la concurrence est libre et non faussée » ;

- affirme que la politique budgétaire et monétaire doit être « conduite conformément au respect du principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, favorisant une allocation efficace des ressources » - thèse depuis longtemps réfutée ; interdit « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux », ce qui donne un bel avenir à la crise financière ;

- astreint la politique industrielle à respecter un « système de marchés ouverts et concurrentiels », ce qui limite considérablement les effets de cette politique qui n’est pas encore élaborée ;

- ne reconnaît pas les services publics mais seulement des Services d’intérêt économique général ouverts à la concurrence.

Comme Jacques Sapir et ses collègues, nous souhaitons que la France ouvre une crise politique pour résoudre la crise économique et financière. Il faut récuser le traité de Lisbonne, qui résulte d’un déni de démocratie. Contre la tentation du repli « souverainiste », masque du nationalisme autoritaire, il faut selon nous fonder sur le principe confédéral une organisation de l’ensemble du continent européen – au lieu d’exclure de l’Europe la Turquie et la Russie.

Nous sommes pressés. La bureaucratie bruxelloise et les oligarques français nous font perdre notre temps. Bousculons-les !

Bertrand RENOUVIN

(1) Le texte a été intégralement publié dans L’Humanité du 30 avril. Il se termine par un appel à soutenir le Front de gauche. Après avis de notre Conseil national, le Comité directeur de la Nouvelle Action royaliste fera connaître sa propre position le 26 mai.