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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Macron dans la tenaille

Editorial du magazine royaliste N°1155 | du 20 novembre 2018 au 3 décembre 2018
jeudi 29 novembre 2018 | Thème: politique
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Quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse, la « gou­vernance » oligarchique est prise dans la te­naille. La mobilisation des Gilets jaunes, le 17 novembre, marque la fin d’une période du confort po­litique pour Emmanuel Macron et sa garde rapprochée.

Face à une impopularité croissante, la macronie tenait bon sur tous les fronts. Les Républicains, la France insoumise, les résidus du Parti socialiste et le Rassemblement lepéniste formaient une marque­terie d’opposants impuissants et irréconciliables.

Disloqué, battu à chaque campagne depuis la loi El Khomri jusqu’à la grève des cheminots, le front syn­dical miné par les trahisons répétées de la CFDT avait perdu toute capacité de réagir et les scan­dales qui ont successivement frappé la direction de la CGT puis celle de Force ouvrière ajoutaient des crises internes aux échecs tactiques et stratégiques.

Malgré l’hostilité de la majorité des Français, les « réformes » ultralibérales pouvaient aller bon train avec la complicité active du patronat, des groupes financiers, de leurs médias et des mi­norités qui tirent profit du marché mondialisé.

Au vu de ce contexte politique et social, la caste diri­geante a eu l’impression qu’elle était inexpugnable. « Qu’ils viennent me chercher ! » s’est écrié Emma­nuel Macron en pleine affaire Benalla. Les mauvais sondages, les protestations pendant « l’itinérance mémorielle », les « grognes » sectorielles – tout cela pouvait être maîtrisé par une bonne communication, des explications pédagogiques et quelques poignées de menue monnaie pour compenser les ponctions fiscales. Prenant peur à l’annonce d’une mobilisa­tion massive de Gilets jaunes, la « gouvernance » a joué toutes ces cartes : mise en scène de l’humilité présidentielle sur le Charles-de-Gaulle avec un Rafale en arrière-plan, explications techniques sur le marché mondial des carburants, augmentation du chèque-essence, prime à la casse très utile quand on n’a pas les moyens de s’acheter une voiture neuve…

Misérable, usée jusqu’à la corde, cette « communica­tion de crise » a échoué. Le 17 novembre, il y eut 2 000 blocages et des centaines encore le dimanche, opérés par des centaines de milliers de manifestants. Combien, au juste ? Peu importe. Ce qui compte pour l’avenir, c’est la nature de l’événement et sa dy­namique. En quinze jours, des gens « qui ne sont rien », selon les mots terribles d’Emmanuel Macron, ont lancé et réussi une mobilisation de masse sur l’ensemble du territoire natio­nal et tout particulièrement dans cette France périphé­rique qui a été délibérément sacrifiée à la logique du marché mondialisé. Le prix de l’essence a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, comme cela a été dit et redit sur les lieux de blocage. C’est le peuple de ceux qui travaillent dur et gagnent peu dans l’incerti­tude des lendemains qui a crié sa colère et qui est entré en lutte contre l’oligarchie – le mot a été entendu sur maints barrages. C’est le peuple de ceux qui ont été humiliés par ces menteurs professionnels que furent Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, et plus directement encore par François Hollande se moquant des « sans-dents » et par Emmanuel Macron égrenant ses insultes lors de ses déplacements en France et depuis l’étranger.

Depuis le 17 novembre, le président des riches est pris au piège. Mandataire de puissants groupes d’intérêts, il est obligé de poursuivre les « réformes » ultralibérales qui s’abattent les unes après les autres sur les classes moyennes et populaires. Cela pouvait marcher tant que la « gouvernance » se trouvait face à un peuple d’indi­vidus ou à de petits groupes éparpillés et sans influence sur la vie dans les grandes métropoles. C’est fini.

Ce peuple s’est révolté et spontanément rassem­blé hors des partis politiques, mêmes populistes de droite ou de gauche. Il n’offre aucune prise à la sé­duction et à la récupération et ce ne sont pas les « experts » de médias discrédités depuis belle lu­rette qui vont l’impressionner. La « gouvernance » ne peut faire de concessions, fiscales par exemple, car ce serait encourager des revendications intolé­rables pour l’oligarchie. Mais si elle persévère dans son ultralibéralisme, elle alimente l’incendie social.

Les dirigeants du pays ont choisi la guerre so­ciale, persuadés qu’ils allaient la gagner. Ils sont en échec. C’est une première victoire.

Bertrand RENOUVIN