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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Pour l'unité nationale

Editorial du magazine royaliste N°1113 | du 3 janvier 2017 au 16 janvier 2017
dimanche 8 janvier 2017 | Thème: politique
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On se souvient des mots prêtés au général de Gaulle évoquant Georges Bernanos à la Libé­ration : « Celui-là, je n’ai jamais pu l’atteler à mon char ». Pourtant, l’écrivain avait été pendant la guerre parmi les plus gaulliens des gaullistes… Il faut bien sûr relire ces temps-ci « Les grands cimetières sous la lune » mais c’est le verbe utilisé par le général de Gaulle qui retient aujourd’hui mon attention. Atte­ler, c’est le mot d’un chef d’État longtemps chef de guerre, qu’il faut reprendre pour affronter une période de troubles.

Comment ? En expliquant aux candidats à la prési­dentielle qu’ils doivent avoir pour première ambition de s’atteler au rétablissement de l’unité nationale. Le président de la République est l’homme qui doit in­carner cette unité – tel est bien le premier devoir de sa charge. Cela signifie que les candidats doivent cesser de nous payer de mots. Il y a depuis trop longtemps un baratin sur « l’identité nationale » à droite et un autre sur le « vivre-ensemble » à gauche qui provoquent de graves confusions sur fond d’évidences.

Evidence de l’identité, si l’on prend soin de dire qu’elle n’est rien d’autre que le synonyme de l’éga­lité, principe fondamental de notre République. Evi­dence de l’identité nationale si l’on prend soin de pré­ciser que la nation française se définit par son histoire, toute son histoire, et par le droit qu’elle a engendrée.

Evidence du « vivre-ensemble » et même du « vivre ensemble avec nos différences » puisque nous l’avons toujours fait : la vieille France connaissait beaucoup plus de différences sociales, culturelles, linguistiques, coutumières que notre France moderne travaillée par de nombreux facteurs d’uniformisation.

Ces évidences n’ont plus cours. En réaction aux dis­cours « réalistes » de l’économisme et de l’euro­péisme, on a bricolé les concepts d’identité et de différence pour fabriquer des semblants d’idéologie, identitaire et communautariste, qui fonctionnent tou­jours sur le mode de l’exclusion. La fiction identitaire ne fonctionne que dans le rejet de l’arabo-musulman fantasmé. La communauté élective répudie les prin­cipes communs à l’ensemble de la nation. Les diri­geants politiques de droite et de gauche manipulent ces concepts et exploitent ces fantasmes pour gagner des voix, sans comprendre qu’ils portent de plus en plus at­teinte à l’unité nationale dont ils devaient être les garants. Dans la presse écrite et radiophonique, les entrepreneurs de guerre civile prospèrent sur ce terreau. Double régression : les « Indigènes » de gauche refont les guerres coloniales et, à droite, les polémistes identi­taires rêvent du grand nettoyage ethnique sans oser un réel engagement sur le mode serbe et croate.

Je ne prétends pas que nous sommes au bord de la guerre civile (1) mais il faut dénoncer les mots d’ordre belliqueux et bloquer les mécaniques violentes d’au­tant plus rapidement que les djihadistes veulent pro­voquer par leurs attentats la montée aux extrêmes. Attention cependant. L’unité nationale ne se refait pas à coup d’homélies sur les valeurs et d’injonc­tions moralisantes : c’est une exigence politique qui implique la mise en oeuvre de principes politiques - les principes fondamentaux de notre droit. Dans l’his­toire de France, l’unité nationale s’est faite par des actes de souveraineté qui affirmaient la force de l’État face aux divisions intérieures et l’indépendance de l’État face aux menaces extérieures. C’est ce que nie la gauche communautariste : elle vit hors sol, dans le rejet de notre collectivité. C’est ce que nie l’extrême droite identitaire, qui milite pour un sol purifié selon un programme a-national et antipolitique.

Un candidat à la présidence de la République ne sau­rait pactiser avec l’une ou l’autre de ces tendances – qu’il s’agisse de Jean-Luc Mélenchon exposé à l’ex­trême-gauche différentialiste ou de Marine Le Pen et de François Fillon exposés à la surenchère des iden­titaires. C’est la dialectique de l’unité et de la diver­sité qu’il fait faire prévaloir par de nouveaux actes de souveraineté libérant la France et les Français des assujettissements diplomatiques et militaires, écono­miques et monétaires. C’est en réaffirmant la souve­raineté de la nation qu’un président de la République peut amener les citoyens, aussi divers soient-ils dans leurs appartenances religieuses et sociales, à se re­trouver pour une cause commune, en « attelant » les plus décidés au service de l’État.

Bertrand RENOUVIN

(1) Cf. sur mon blog : « Vers la guerre civile ? » http://www.ber­trand-renouvin.fr/des-discours-sur-la-guerre-3-chronique-128/