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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Renaissance du Parlement

Editorial du magazine royaliste N°1237 | du 20 juin 2022 au 3 juillet 2022
lundi 20 juin 2022 | Thème: politique
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L'étrange période que nous avons vécue depuis le résultat de l’élection présidentielle s’est terminée en ce dimanche 19 juin, à 20 heures. La tactique élyséenne consistait à faire une campagne minimaliste assortie dans les derniers jours d’une imagerie de grand voyageur international. Ce fut un ratage complet.

Le projet de Conseil national de la refondation (CNR) a été pris pour ce qu’il était : une humiliation pour le Parlement, une insulte à la mémoire du Conseil national de la Résistance. Le voyage à Kiev n’a pas suscité l’admiration, malgré les efforts médiatiques déployés. Beaucoup se sont souvenus, en revanche, des annonces présidentielles sur la réforme des retraites et des infimes compensations à la hausse des prix offertes ou annoncées par la « gouvernance » macronienne. Quant à celle-ci, que de temps perdu, en raison des refus signifiés par plusieurs femmes pressenties pour Matignon. L’inexistence d’Elisabeth Borne tient à son statut de Premier ministre par défaut.

La sanction du 19 juin porte sur ces erreurs, ces fautes et cette longue hésitation, mais surtout sur le bilan du précédent quinquennat, véritable cause de l’ampleur du vote protestataire de droite et de gauche. Élu par rejet de Marine Le Pen en avril, Emmanuel Macron subit au soir du second tour des élections législatives une redoutable défaite, qui emporte deux de ses lieutenants. Dans le total mépris de sa fonction arbitrale, il voulait être tout à la fois le chef de gouvernement et le chef de parti qu’il fut pendant son premier quinquennat. Privé de la majorité absolue, son parti va devoir composer avec d’autres factions oligarchiques. Et le gouvernement qu’il va devoir réorganiser sera obligé de naviguer entre divers écueils, dans un contexte national et international tendu, sans pouvoir toujours compter sur l’appui des groupes qui composent la majorité présidentielle.

 

Défaite du bloc élitaire. La défaite d’Emmanuel Macron est une bonne nouvelle pour les institutions de la Ve République. La forte présence de plusieurs groupes d’opposition, à droite et à gauche, va entraîner la renaissance du Parlement, d’autant plus nette que la dialectique propre à l’Assemblée nationale va se développer dans une relation nouvelle avec le Sénat, où l’opposition au président de la République est majoritaire. Au Palais-Bourbon, l’issue des débats sera d’autant moins prévisible que le parti présidentiel n’est pas homogène puisque la coalition Ensemble comprend deux groupes – le Modem autour de François Bayrou et Horizons lancé par Edouard Philippe – qui seront fortement tentés par le soutien conditionnel, autrement dit par le chantage.

L’aile gauche de l’Assemblée est encore plus composite. Jean-Luc Mélenchon a perdu son pari halluciné de la victoire indiscutable d’un cartel électoral qui est tout le contraire d’un bloc politique : unis pour la conquête des sièges et l’obtention des financements alloués aux partis, les Verts, les socialistes, les communistes et l’équipe de la France insoumise ont plus de motifs de division que d’alliance – et le chef de la manœuvre n’a pas daigné se présenter aux législatives.

Le Rassemblement national est au contraire un parti uni autour d’une présidente qui a réussi une belle réélection ; il devrait agir de manière d’autant plus disciplinée qu’il est en phase d’expansion. Avec un mode de scrutin défavorable, sans bénéficier d’alliances, le parti de Marine Le Pen a obtenu des résultats improbables – notamment parce que de nombreux électeurs de gauche ont préféré le candidat du Rassemblement national à celui soutenu par Emmanuel Macron. Au-delà des choix tactiques, le succès est stratégique. Alors qu’Éric Zemmour tentait d’entraîner les Français vers l’affrontement ethnique, Marine Le Pen se portait sur le terrain du pouvoir d’achat. Son groupe parlementaire est loin d’être l'exact reflet des suffrages obtenus à la présidentielle mais sa forte existence compense quelque peu l’injustice du mode de scrutin.

Il n’est pas possible de voir dans les résultats de l’élection présidentielle et des élections législatives l’expression d’un affrontement entre le bloc élitaire et un bloc populaire qui est nettement divisé entre une droite disposant d’un large soutien populaire et une gauche portée par une fraction des classes moyennes. Mais la bataille politique est aujourd'hui inscrite dans une lutte de classes qui va se durcir dans les prochains mois et qui pourrait mobiliser, hors du champ parlementaire, les Français de métropole et des collectivités d’outre-mer qui se sont massivement abstenus.

Au soir du 19 juin, les commentaires médiatiques proliféraient dans l’ignorance volontaire des conséquences de la guerre russo-ukrainienne et des secousses monétaires et financières qui ébranlent plusieurs économies européennes. Après avoir subi les effets désastreux de l'austérité et la déflation salariale que provoque l’euro, les classes moyennes et populaires vont subir en même temps les conséquences de l’inflation et des mesures de lutte contre l’inflation puisque celles-ci sont avant tout destinées à protéger la sphère financière. Toutes les forces politiques en seront durement affectées. ■