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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Sarko et son double

Editorial du magazine royaliste N°978 | 
lundi 8 novembre 2010 | Thème: politique
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Il y en Nicolas Sarkozy deux personnages contradictoires qui trouvent leur unité de façade dans un verbiage volontariste. Le constat ne doit rien à l’analyse psychiatrique, pour laquelle je ne suis pas qualifié. J’observe simplement que le Sarko de Paris n’est pas le Sarkozy de Bruxelles.

Ici, en France, nous voyons un autocrate qui se présente en homme de courage face aux millions de citoyens révoltés contre lui. Il ne bougera pas d’un pouce ! Il a fait voter la loi sur les retraites, qui sera promulguée ! Au plus fort de la tempête sociale, le capitaine a su montrer aux marchés financiers, aux agences de notations et à l’ensemble du milieu dirigeant qu’il était capable de tenir la barre. Gains escomptés : le maintien du triple A chez Moody’s et consorts, puis la reconnaissance des électeurs de droite qui voteront pour « l’homme fort » plutôt que pour Marine Le Pen.

Nous savons tous qu’il n’y a nul courage à imposer aux autres des sacrifices dont on se dispense et dont on exonère une minorité de privilégiés. Le cynisme étant avéré, on peut se concentrer sur le phénomène du dédoublement. Dès qu’il se retrouve en compagnie des oligarques européens, l’homme de fer courbe l’échine et se soumet aux volontés de la chancelière allemande. Oubliées, les diatribes de 2007 contre la Banque centrale européenne et, au début de la crise, la critique virulente des banquiers et du capitalisme financier ! Nicolas Sarkozy se rassure en lisant les articles sur la solidité de l’axe Paris-Berlin, il joue au décideur en se promenant à Deauville avec Angela Merkel mais il se laisse emporter par le vent de folie - alors qu’un président français devrait dénoncer la politique allemande, refuser l’euro fort et mettre en cause le dogme de la monnaie unique.

Car c’est bien la folie qui règne à Bruxelles, Francfort, Berlin et autres lieux ou se réunissent les eurocrates aux abois :

Alors que nous sommes entrés dans la guerre des monnaies (1), les gestionnaires de la zone euro restent complètement inertes, laissant s’apprécier la valeur de la « monnaie unique » ce qui provoque délocalisations et chômage.

Ces mêmes gestionnaires (Trichet, Merkel, Juncker) se sont aperçus en mai dernier que la zone euro était au bord de l’explosion et ont décidé de violer à la fois les statuts de la Banque centrale européenne et le traité de Lisbonne - imposé aux imbéciles que nous sommes pour notre bien. Le traité salutaire piétiné  par ses propres fabricants ! Nicolas Sarkozy fut activement complice de ce coup de force et des mesures d’austérité qui furent imposées au peuple grec.

Dans la zone euro et en Grande-Bretagne, l’objectif de réduction des déficits budgétaires a été partout affiché alors que nous savons d’expérience que les mesures prises provoqueront l’appauvrissement des populations et la baisse de la croissance – sans éviter que des États fassent défaut sur leur dette.

Comme si cette folie n’était pas suffisante, la chancelière allemande a fait accepter au sommet du 28 octobre, après maintes discussions et chamailleries, le principe d’une discipline budgétaire que les États membre de l’Union auraient à respecter sous peine de sanctions. Les modalités sont encore à préciser mais, là encore, un président digne de ce nom aurait immédiatement refusé la logique allemande pour deux raisons décisives :

1° Le contrôle eurocratique des politiques budgétaires des États constitue une violation des principes démocratiques : les parlements nationaux seront dépossédés de leur pouvoir fondamental et le peuple souverain n’aura plus aucun moyen de choisir en un domaine déterminant pour son bien-être. De plus, la chancelière allemande veut que la révision du traité de Lisbonne (présenté voici peu comme définitif) ne soit pas soumise à référendum.

2° Le dogme de l’équilibre budgétaire est une absurdité théorique aux conséquences pratiques désastreuses qui masque les vrais problèmes : excès de la puissance allemande, fragilité des banques européennes, statut de la Banque centrale européenne, taux de change de l’euro, concurrence sauvage de la Chine.

A Paris, l’homme fort veut imposer la régression sociale. A Bruxelles, le fier-à-bras entérine le viol de la démocratie et la logique de récession. C’est pour le pire que ça s’accorde.

Bertrand RENOUVIN

(1) Je commenterai dans le prochain numéro les résultats du G 20.