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Editorial | La Nouvelle Action Royaliste

Un an après

Editorial du magazine royaliste N°1034 | 
lundi 29 avril 2013 | Thème: politique
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Non, nous ne pouvons pas dire que les dirigeants socialistes ont trahi. Trahir en politique, c’est briser une fidélité, renier ses convictions. Ces mots n’ont aucun sens lorsqu’on fait carrière car il s’agit en ce cas d’exceller dans la compétition violente, de vaincre par la ruse et le mensonge, de satisfaire par tous les moyens son appétit de pouvoir.

Dès lors, pourquoi avons-nous voté pour François Hollande le 6 mai ? Qu’on nous relise : ce fut d’abord un vote de rejet. Nous avions aussi la certitude que la dignité de la fonction présidentielle serait restaurée et que les troupes françaises seraient retirées d’Afghanistan. De fait, François Hollande se tient plus correctement que son prédécesseur et le retrait militaire annoncé s’est partiellement réalisé. Nous voulions espérer que le pacte budgétaire serait renégocié mais ce mince espoir a été déçu et nous n’avons jamais cru que le « pacte de croissance » allait équilibrer le nouveau traité. Or ce point était capital : à partir du moment où François Hollande acceptait la « règle d’or » de l’équilibre budgétaire, l’alignement sur Berlin était confirmé et toutes les voies du développement économique et du progrès social étaient fermées. Plus généralement, il était clair, dès le début de l’été dernier, que nous resterions sous administration oligarchique.

L’automne et l’hiver ont apporté des précisions accablantes. Les oligarques de gauche se distinguaient naguère de leurs collègues de droite par la mise en place d’une infirmerie sociale destinée à compenser quelque peu les dégâts de l’ultra-libéralisme qu’ils avaient renoncé à combattre. Maintenant, ils acceptent un surcroît de flexibilité et des accords pour baisser les salaires sans offrir de secours supplémentaires contre la paupérisation croissante. Somme toute, la rupture avec le sarkozysme est invisible dans l’ordre de la gouvernance économique et sociale puisque nous avons assisté à une série d’abandons – de la révolution fiscale, de la réforme bancaire, du redressement industriel (1). Le chômage augmente et continuera d’augmenter puisque nous allons passer de la stagnation à la récession.

En annonçant un retournement de tendance pour la fin de l’année, François Hollande s’est menti à lui-même et nous a menti. Peut-être estime-t-il que ce n’est pas bien grave et qu’une bonne « communication » nous fera attendre avec patience l’embellie que Pierre Moscovici annonce pour 2015. En ce cas, il se trompe. Les habiletés langagières et les ruses tactiques seront inopérantes car nous avons changé d’époque. François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont des hommes de la fin du siècle dernier qui ont cru au traité de Maastricht et à la « monnaie unique », au triomphe de l’économie de marché et à la révolution des mœurs dans un monde dominé par les États-Unis. C’est ce passéisme qui explique leurs échecs. En s’accumulant, ils risquent de nous conduire à la crise de régime.

La modernité dans les mœurs concrétisée par le prétendu « mariage pour tous » ? La loi Taubira a provoqué une contestation aussi massive qu’inattendue et créé dans le pays une division qui n’est pas près de s’effacer. La gauche progressiste n’est plus accordée à l’évolution des mentalités.

La politique de rigueur ? Elle est inspirée par une idéologie qui s’est effondrée en 2007-2008 et elle est ridiculisée par les erreurs de calculs des économistes orthodoxes.

La République exemplaire ? L’affaire Cahuzac jette le soupçon sur l’ensemble de la classe politique qui est menacée par d’autres scandales.

Le Parti socialiste ? Il a perdu son dernier reste de crédit moral. Comme il renonce à assurer la protection sociale, il n’est plus en mesure de reconquérir les électeurs qui lui avaient donné la victoire.

François Hollande est seul, face à une population secouée par des colères que la crise terminale de la zone euro va faire flamber. Faute d’avoir résisté à la logique du quinquennat, il est considéré comme le véritable chef du gouvernement. Il aurait dû être l’arbitre et le recours. Il est au cœur de la cible. S’il ne s’agissait que du sort d’un incapable, nous pourrions choisir l’indifférence. C’est impossible. En toute inconscience, François Hollande met la France en très grand danger.

Bertrand RENOUVIN

(1) Cf. Laurent Mauduit – « L’étrange capitulation » -Jean-Claude Gawsewitch éditeur, 2013, prix franco : 22 €.