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Dans sa forme actuelle, l’Union européenne se présente comme une fédération sans fédérateur, une puissance mondiale sans poids politique, une union monétaire sans souveraineté, l’esquisse d’un État supranational sans autorité légitime ; elle prétend se doter d’une Constitution sans État ni séparation des pouvoirs et demeure un espace économique, livré à une ultra-concurrence à tous égards destructrice. Elle n’est, somme toute, qu’une addition d’organismes sous la « gouvernance » plus ou moins conjointe des oligarques et des puissances financières.
L’Europe est un ensemble à repenser avec toutes les nations qui participent depuis des siècles à son histoire – y compris celles qui jouent un rôle décisif sur le continent comme la Fédération de Russie et la Turquie.
Cet ensemble est en mesure de s’organiser sous la forme souple d’une confédération d’États vouée à la mise en œuvre de plans et de programmes d’intérêt commun :
sa politique monétaire au sein du Fonds Monétaire International et de la Banque mondiale doit pousser ces institutions à se consacrer à la mise en œuvre de politiques de développement ;
sa stratégie monétaire commune doit viser à la définition d’un système fixe de changes entre les principales monnaies mondiales ;
son plan de développement économique et social doit s’appuyer sur une Banque européenne soumise à un étroit contrôle politique ;
sa politique de recherche commune et d’équipement doit mobiliser la coopération des organismes publics ;
sa politique de services publics doit assurer leur reconstruction et leur extension ;
son organisation commune des échanges agricoles et sa politique commerciale commune doit reprendre les principes de la préférence communautaire et du tarif extérieur commun.
La politique confédérale de défense serait conduite dans le cadre de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), sous l’égide de l’autorité politique confédérale, les nations disposant de la dissuasion nucléaire conservant l’entière maîtrise de leurs moyens, tout en développant la coopération dans le domaine des industries militaires et spatiales.
Des accords de coopération avec les États du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne, des Caraïbes et des États de l’ancienne Union soviétique permettraient de trouver ou de retrouver les voies du progrès en se protégeant des firmes et des groupes prédateurs. Se préciserait ainsi la dynamique d’une Europe sans rivages dans un monde déjà profondément marqué, dans son esprit et dans ses techniques, par le processus d’européanisation.
Dans l’ordre institutionnel, il suffirait que l’actuel Conseil européen, élargi aux chefs d’État et de gouvernement de toutes les nations du continent, se définisse comme le centre politique de décision et d’impulsion de la Confédération. Ses décisions seraient mises en œuvre par un Conseil des ministres responsable des divers aspects des politiques communes, une Commissionstrictement administrative veillant à la bonne exécution des projets, des plans et des programmes. A l’Assemblée européenne, élue, serait attribué un rôle de proposition et de consultation.
Des structures institutionnelles simplifiées, des fonctions précisées, des projets peu nombreux mais ambitieux, résultant d’accords entre les chefs d’État et de gouvernement, donneraient à la Confédération européenne sa pleine efficacité tout en affirmant le rôle majeur de l’Europe dans l’organisation du monde, en vue d’assurer au plus grand nombre possible d’êtres humains les conditions de la paix et du bien vivre.